Le réchauffement climatique global devrait dépasser 1,5 °C dès 2030 et atteindre entre +2 et +2,2°C dès 2040 sur la zone Méditerranée. Devenus de véritables enjeux de sécurité et de santé publique, les aléas climatiques (sécheresses, vagues de chaleur, inondations, incendies, tempêtes, etc.) ravagent les écosystèmes et fragilisent les sociétés. Dans tout le pourtour méditerranéen, le changement climatique, en provoquant une augmentation de la fréquence et de l’intensité des sécheresses et des précipitations extrêmes, accélère la dégradation des écosystèmes régulateurs du cycle de l’eau. Le constat est unanime sur le risque de répétition de ces évènements dans le temps, comme cela est clairement apparu dans les conclusions du 5ème Forum méditerranéen de l’Eau de Tunis, co-organisé par l’Institut Méditerranéen de l’Eau, l’Union pour la Méditerranée et le Gouvernement tunisien, du 5 au 7 février 2024.
Il est donc essentiel d’agir au plus vite pour préserver la ressource. Faute d’anticipation, les conséquences sur le système économique et sur la qualité de vie deviendront incontrôlables. Dans la gestion des conséquences de l’impact du changement climatique sur le cycle de l’eau, les politiques publiques ont un rôle majeur à jouer : l’aménagement du territoire, la sobriété ou non des usages, l’irrigation agricole, l’imperméabilisation, l’appauvrissement des sols, la pollution ainsi que la dégradation des écosystèmes aquatiques affectent profondément la circulation hydrologique. La raréfaction de l’eau menace en retour les activités humaines, qu’elles portent sur la satisfaction des besoins vitaux d’une population en constante augmentation et aspirant à une meilleure qualité de vie, la production agricole, la production industrielle, le développement du tourisme ou la production énergétique.
Si les politiques nationales s’organisent, essentiellement sur le plan réglementaire, la résilience de chaque territoire leur offrant la possibilité de se transformer pour anticiper les crises et mieux les affronter, est devenu un objectif prioritaire des politiques locales. De même, parallèlement aux interventions de grande envergure sur le plan des infrastructures qui relèvent généralement de la compétence des gouvernements nationaux, les stratégies de gestion de la demande et de l’offre en eau doivent être conçues en coopération avec les collectivités territoriales.
Ces dernières devraient également promouvoir leurs propres instruments de gestion de la demande, tels que les systèmes de mesure, les incitations à adopter des systèmes de réutilisation des eaux usées domestiques, les améliorations de réseaux, les tarifs par tranches, les impôts locaux ou encore les instruments fiscaux frappant la production d’eaux usées pour permettre leur traitement, tendre vers un usage toujours plus efficace et garantir le respect du principe du “pollueur payeur”. Dans l’élaboration de ces stratégies, il convient de prêter attention à l’importance que revêt, dans certaines régions, l’utilisation de systèmes traditionnels de gestion de l’eau, qui constituent souvent un patrimoine culturel et technologique précieux, à préserver.