Entretien avec Philippe Meunier, ambassadeur, directeur général de l’AVITEM – REVUE URBANISME – AOUT 2021
Entretien avec Philippe Meunier, ambassadeur, directeur général de l’Agence des villes et territoires méditerranéens durables (Avitem).
Quelle est votre perception des évolutions du bassin méditerranéen où les situations conflictuelles semblent l’emporter sur les dynamiques de coopération ?
Philippe Meunier/ Dans sa longue histoire, la Méditerranée a rarement traversé des périodes très paisibles. Malheureusement, les vingt premières années du XXIe siècle ont connu de terribles drames, malgré quelques dynamiques positives. Tout l’enjeu actuel est celui de la résilience face à ces tragédies humaines.
À ces malheurs s’ajoutent de nouvelles insécurités. L’arc de crise du climat passe depuis longtemps en Méditerranée et plus seulement par sa rive sud. En outre, il est impératif de protéger sa biodiversité mais également son patrimoine culturel et historique, notamment urbain. Les défis de santé publique aussi sont immenses. De mon point de vue, c’est une erreur de penser que la pandémie du Covid-19 est une parenthèse.
La préservation de la Méditerranée nous oblige. « Il n’est pas question seulement d’histoire ou de traditions, de géographie ou de racines, de mémoire ou de croyances : la Méditerranée est aussi un destin », soulignait déjà l’écrivain croate Predrag Matvejevitch dans son Bréviaire méditerranéen.
Dans ce contexte difficile, comment s’organise l’intervention de l’Avitem ?
Philippe Meunier/ L’Avitem a l’avantage de l’agilité, en travaillant avec les villes et les territoires. Or les thématiques du développement durable trouveront leur synthèse sur les territoires. J’ai participé à plusieurs conférences internationales sur le climat ; celle de Paris, la COP21, a été une réussite. Ce qu’on appelle l’agenda des solutions se déploie maintenant dans et par les collectivités territoriales.
Pour appuyer la poursuite des négociations internationales, le plus important consiste dans les avancées sur le terrain. Nous nous inscrivons dans cette dynamique d’appui aux politiques publiques. Nous proposons des formations aux élus, aux fonctionnaires territoriaux, et nous nouons des partenariats avec toute une gamme d’acteurs locaux.
Au-delà des politiques publiques, il ne faut pas oublier de questionner les comportements, individuels et collectifs. Comment changer certains comportements, ceux des habitants de la Méditerranée, mais aussi de tous ceux qui opèrent dans cette région, les touristes notamment ?
Il nous faut aussi élargir notre approche géographique : la Méditerranée a plusieurs rives et constitue un ensemble. Notre valeur ajoutée est de créer un réseau le plus méditerranéen possible car les défis sont partout similaires. Plus on travaille ensemble, plus on échange sur les bonnes pratiques et les innovations, plus nous serons efficaces.
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