L’Europe et la Méditerranée : première destination mondiale. En 2023, l’Europe a accueilli 700 millions de touristes étrangers (soit environ 54,5 % de l’ensemble des arrivées internationales selon l’Organisation mondiale du tourisme), tandis que la Méditerranée en a accueilli plus de 300 millions.
Le tourisme contribue à environ 10 % du PIB de l’Union européenne, favorisant la création d’emplois, le développement des infrastructures et la compréhension interculturelle à travers l’Europe.
Cependant, il est aussi source d’émissions de carbone significatives (environ 10 % des émissions mondiales) et les destinations surfréquentées ou mal gérées entraînent des impacts négatifs sur les territoires : pression sur les écosystèmes et les ressources en eau, atteintes potentielles aux droits humains (droits du travail, droits fonciers, droit au logement, etc.).
Les émissions liées au tourisme reflètent aussi des inégalités de répartition préoccupantes. Selon les méthodes de comptabilisation basées sur les destinations et sur les résidents, les 20 pays les plus émetteurs représentent à eux seuls les trois quarts de l’empreinte mondiale (Drivers of global tourism carbon emissions | Nature Communications 2024).
Enfin, la montée des tensions géopolitiques, la crise du pouvoir d’achat et les événements climatiques renforcent ces défis.
La Commission européenne en charge des transports et du tourisme durables prépare une Stratégie européenne du tourisme durable, prévue pour 2026. « Il est urgent non seulement de soutenir mais aussi de régénérer, de porter à un nouveau niveau de responsabilité », a déclaré Ramune Genzbigelyte Venturi, chargée de mission Tourisme à la Commission européenne.
Face aux conséquences à long terme, le tourisme régénératif invite l’ensemble des acteurs à protéger et restaurer les écosystèmes tout en valorisant le patrimoine culturel. Une action qui nécessitera des efforts soutenus et des partenariats solides entre décideurs publics, destinations et entreprises.
De nouveaux indicateurs liés au bien-être des écosystèmes, à la vitalité culturelle et à la qualité de vie offrent un regard renouvelé sur le tourisme. En travaillant en synergie avec d’autres secteurs (mobilité, gestion des déchets, urbanisme…), le tourisme pourrait privilégier la résilience à long terme et des projets porteurs de sens plutôt que des profits rapides et des décisions néfastes.
Pour cela, il faudra considérer l’ensemble du contexte de destruction écologique actuel et accélérer le passage à l’échelle de projets pilotes tels que Cool Noons et First Mile, afin d’en faire de véritables systèmes de transformation.
Face à la complexité du changement climatique, les réponses doivent être exploratoires, collectives et créatives. Les vagues de chaleur ne sont pas une fatalité, pas plus que la manière dont nous y faisons face.
Avec le projet Cool Noons, nous agissons en proposant des solutions visibles, légères et rapides : cartographier les espaces frais, recourir à l’urbanisme tactique pour modifier rapidement l’espace public.
À Marseille par exemple, de nouvelles fontaines donnent un accès facile à l’eau potable, tandis que 9 pergolas équipées de bancs et tables offrent des zones de repos ombragées.
Cool Noons constitue ainsi un levier d’action à long terme, rappelant l’urgence d’agir contre les îlots de chaleur urbains tout en restant conscients du contexte plus large du changement climatique mondial – ses origines et ses conséquences.
En s’appuyant sur des tactiques concrètes et actionnables, inspirées des sciences comportementales, le projet First Mile a cherché à initier de petits changements intelligents capables, combinés, de produire des effets systémiques.
Le programme a couvert huit thématiques clés : réduction des déchets, économie d’eau et d’énergie, mobilité durable, promotion des produits locaux, réduction des plastiques à usage unique, diminution du gaspillage alimentaire et gestion des flux de visiteurs.
Au total, 80 PME ont été sélectionnées en France, en Italie, en Norvège et en Slovénie. Chacune a reçu un soutien financier compris entre 6 250 € et 9 750 €, ainsi qu’un accompagnement via des ateliers de formation et du coaching personnalisé. Chaque entreprise a choisi deux à trois tactiques dans un catalogue partagé et les a adaptées à son contexte opérationnel.
Exemple : Aqua d’Aia à Beaulieu-sur-Mer a collecté 383 kg de déchets flottants lors de ses sorties en mer, tandis qu’Alta Murgia a créé une carte piétonne des principales attractions de son territoire, ce qui a permis une hausse de 66 % des visiteurs utilisant les transports publics.