Projet TRATT’EAU

Le 6e rapport du GIEC le rappelle, le réchauffement climatique cause une montée du niveau de la mer, un recul du trait de côte, et des menaces accrues pour les zones littorales. Dans le périmètre du programme Interreg Marittimo, de vastes portions du littoral méditerranéen sont directement concernées, avec des impacts potentiels majeurs sur l’économie locale.

Le projet TRATT’Eau répond à la nécessité d’une démarche commune pour engager les acteurs du territoire, les préparer à leur adaptation et les accompagner face à cet enjeu. Une approche en trois axes complémentaires pour construire une résilience économique durable, déployés sur quatre territoires pilotes : Nice (France), Bastia (France), La Spezia (Italie) et Massa-Carrara (Italie).

Volet 1 – Mesure de la menace directe et indirecte dans les zones de recul

Piloté par la CCI Nice Côte d’Azur, ce premier axe vise à identifier et quantifier les menaces économiques, directes et indirectes, qui pèsent sur les zones littorales exposées au recul du trait de côte.

Des cartographies dynamiques d’ennoiement seront élaborées à partir de différents scénarios climatiques (horizons 2040, 2070 et 2100) afin de visualiser les zones potentiellement submergées et d’évaluer leurs impacts sur les entreprises locales. Ces données permettront de développer une méthodologie d’analyse économique capable d’estimer les pertes potentielles, d’identifier les secteurs les plus vulnérables et de mesurer les effets sur l’emploi — une approche reproductible dans d’autres territoires européens.

Pour renforcer la sensibilisation, un récit web interactif présentera de manière pédagogique les enjeux du recul du trait de côte et ses conséquences pour les acteurs économiques et le grand public.

Enfin, ce volet intègre un investissement technologique concret avec l’installation d’un marégraphe, destiné à mesurer en temps réel les variations du niveau de la mer et à enrichir les modèles prédictifs élaborés dans le cadre du projet.

Volet 2 – Évaluation de la mobilisation du foncier et accompagnement à la relocalisation

Ce deuxième axe, piloté par les communes de La Spezia et la Province de Massa-Carrara en étroite collaboration avec le service Urbanisme de la CCI Nice Côte d’Azur, s’attache à évaluer la capacité de mobilisation du foncier d’activités pour accompagner la relocalisation des entreprises exposées au recul du trait de côte.

L’objectif est double : identifier les activités économiques les plus menacées par la montée des eaux et repérer les opportunités de relocalisation sur des sites moins vulnérables. Pour cela, un observatoire du foncier économique sera mis en place, recensant les gisements fonciers disponibles et les espaces susceptibles d’accueillir de nouvelles implantations.

En parallèle, le projet mènera un travail de préfiguration d’une stratégie foncière à long terme, élaborée en partenariat avec les collectivités locales et l’État, afin d’intégrer ces enjeux dans les documents de planification et d’urbanisme.

Des ateliers de sensibilisation réuniront les acteurs publics et privés autour de ces problématiques, favorisant une approche concertée et opérationnelle. Enfin, une charte d’engagement territoriale sera proposée à la signature des partenaires afin d’ancrer durablement cette dynamique collective et de renforcer la résilience économique des zones côtières.

Volet 3 – Information sur les risques et adaptation des politiques publiques

Le troisième axe du projet TRATT’Eau met l’accent sur la sensibilisation et l’accompagnement des décideurs publics face aux enjeux du recul du trait de côte. L’objectif : transformer la prise de conscience climatique en actions concrètes et partagées à l’échelle des territoires.

Mené sous la responsabilité de l’AVITEM, ce volet s’appuie sur une démarche de co-création d’outils pratiques avec les collectivités, institutions et acteurs publics. Ces outils visent à faciliter la compréhension des risques, à identifier les freins et leviers à l’action, et à encourager l’intégration du recul du trait de côte dans les politiques locales d’aménagement et de développement.

L’approche privilégie la pédagogie et la coopération, afin de sensibiliser sans alarmer, et d’impliquer durablement les décideurs dans une dynamique d’adaptation raisonnée. Des supports de communication accessibles et des espaces d’échange permettront de mobiliser l’intelligence collective, de renforcer la culture du risque et de favoriser l’émergence de politiques publiques plus résilientes.