Pourquoi commencer à jardiner en 2023 ? Voici les raisons scientifiques !
Cet article est une traduction de l’article original écrit par Lisa Marshall et publié le 5 janvier 2023 dans le journal universitaire CU Boulder Today.
Faites plus d’exercice. Mangez bien. Faites-vous de nouveaux amis.
Alors que nous listons nos résolutions pour améliorer notre santé en 2023, une nouvelle recherche de l’Université du Colorado Boulder suggère qu’une activité pourrait avoir un impact puissant : le jardinage.
Financé par l’American Cancer Society, le tout premier essai clinique sur des jardins partagés révèle que les personnes qui commencent à jardiner mangent davantage de fibres et font plus d’activité physique – deux moyens connus pour réduire le risque de cancer et de maladies chroniques. Les nouveaux jardiniers.nières voient également leurs niveaux de stress et d’anxiété diminuer de manière significative.
Les résultats ont été publiés le 4 janvier dans la revue Lancet Planetary Health.
“Ces résultats fournissent des preuves concrètes que le jardin partagé peut jouer un rôle important dans la prévention du cancer, des maladies chroniques et des troubles de la santé mentale”, déclare l’auteur principal, Jill Litt, professeure au département des études environnementales de l’Université du Colorado Boulder.
Combler les lacunes de la recherche
Litt a passé une grande partie de sa carrière à chercher à identifier des moyens abordables, évolutifs et durables de réduire les risques de maladies en tout genre, notamment auprès des populations à faibles revenus.
Le jardinage semblait être un axe idéal pour commencer.
“Où que l’on aille, les gens disent qu’il y a quelque chose dans le jardinage qui les fait se sentir mieux”, témoigne Litt, qui est également chercheuse à l’Institut de santé mondiale de Barcelone.
Cependant, d’après elle, il est difficile de trouver des données scientifiques solides sur les avantages du jardinage. Sans preuves, il est compliqué d’obtenir un soutien financier pour de nouveaux programmes.
Certaines petites études d’observation ont montré que les personnes qui jardinent ont tendance à manger plus de fruits et de légumes et à avoir une santé plus saine. Mais est-ce que ce sont les personnes en bonne santé qui jardinent davantage ou est-ce le jardinage qui a une influence positive sur la santé ?
Seulement trois études se sont penchées scientifiquement sur la question. Aucunes d’entre elles n’a traité spécifiquement les jardins partagés.
Pour combler ce manque, Litt a recruté 291 adultes ne jardinant pas, âgés en moyenne de 41 ans, dans la région de Denver (Etats-Unis, Colorado). Parmi les participant.e.s, plus d’un tiers sont hispaniques et plus de la moitié ont de faibles revenus.
Au printemps, la moitié des participant.e.s ont été affectés au groupe de jardinage et l’autre moitié à un groupe témoin auquel on a demandé d’attendre un an avant de commencer à jardiner.
Le groupe de jardinage a reçu une parcelle de terrain gratuite, quelques graines et semis, ainsi qu’un cours d’initiation au jardinage par le biais du programme à but non lucratif Denver Urban Gardens et d’un partenaire d’étude.
Les deux groupes ont répondu à des enquêtes périodiques sur leurs apports nutritionnels et leur santé mentale, ils ont également été soumis à des mesures corporelles et ont porté des appareils mesurant leur activité physique.
À l’automne, les membres du groupe de jardinage consommaient, en moyenne, 1,4 gramme de fibres de plus par jour que le groupe témoin, soit une augmentation d’environ 7 %.
Les fibres exercent un effet important sur notre système inflammatoire et immunitaire, influençant la façon dont nous métabolisons les aliments, la santé de notre microbiome intestinal, ainsi que notre vulnérabilité au diabète et à certains cancers.
Alors que les médecins recommandent environ 25 à 38 grammes de fibres par jour, l’adulte moyen en consomme moins de 16 grammes.
“Une augmentation d’un gramme de fibres peut avoir des effets importants et positifs sur la santé”, déclare le co-auteur James Hebert, directeur du programme de prévention et de lutte contre le cancer de l’Université de Caroline du Sud.
Le groupe de jardinage a également augmenté son niveau d’activité physique d’environ 42 minutes par semaine. Les organismes de santé publique recommandent au moins 150 minutes d’activité physique par semaine, une recommandation que seul un quart de la population américaine respecte. Avec seulement deux ou trois visites hebdomadaires dans le jardin partagé, les participants ont atteint 28% de cette exigence.
Les participants à l’étude ont également vu leur niveau de stress et d’anxiété diminuer, les personnes les plus anxieuses étant celles dont les troubles ont diminué le plus significativement.
L’étude confirme également que même les jardiniers novices peuvent tirer des bénéfices mesurables sur leur santé dès la première année. Au fur et à mesure qu’ils acquièrent de l’expérience et qu’ils obtiennent de meilleurs rendements, ces bénéfices s’accentuent, selon Litt.
Des relations florissantes
Les résultats de l’étude ne surprennent pas Linda Appel Lipsius, directrice exécutive de Denver Urban Gardens (DUG), un organisme à but non lucratif existant depuis 43 ans, qui aide chaque année 18 000 personnes à cultiver leur propre nourriture sur les parcelles des jardins partagés.
“Il s’agit d’une transformation, voire d’un moyen de sauver la vie de nombreuses personnes”, déclare Lipsius.
De nombreux participants vivent dans des zones où l’accès à des fruits et légumes frais abordables est extrêmement limité. Certains sont des personnes immigrées à faibles revenus qui vivent en appartement. Le fait d’avoir accès à une parcelle de jardin leur permet de cultiver des aliments issus de leur pays d’origine et de transmettre des recettes traditionnelles à leur famille et à leurs voisins.
Le lien social est également très important.
“Même si vous venez au jardin en cherchant à cultiver votre nourriture seul dans un endroit tranquille, vous commencez à regarder la parcelle de votre voisin et à partager des techniques et des recettes, et au fil du temps, les relations fleurissent”, déclare Litt, notant que si jardiner seul est bon pour vous, jardiner à plusieurs peut avoir des avantages supplémentaires. “Il ne s’agit pas seulement des fruits et légumes. C’est aussi le fait de se retrouver dans un espace naturel en plein air avec d’autres personnes.”
Litt espère que ces résultats encourageront les professionnels de la santé, les décideurs et les aménageurs du territoire à considérer les jardins partagés et les autres espaces qui poussent les gens à se réunir dans la nature comme un élément essentiel du système de santé publique. Les preuves sont claires, dit-elle.
Le jardinage, ça fonctionne.
Des chercheurs de l’École de santé publique du Colorado, du Centre du cancer de l’Université du Colorado, de l’Université d’État du Colorado et de l’Université d’État du Michigan ont également contribué à cette étude.