Discours du Président de la République devant le Parlement européen – Strasbourg, le mercredi 19 janvier 2022
“J’évoquais la promesse de paix.
Notre Europe aujourd’hui est confronté à une escalade des tensions, en particulier dans notre voisinage, à un dérèglement du monde, à un retour je disais tout à l’heure du tragique de la guerre. Or, notre modèle, qui déborde nos frontières et cultive dans la tradition de nos pères fondateurs une vocation universelle, a aujourd’hui une responsabilité qui est de repenser quelques-unes de ces politiques de voisinage, et de repenser cette place dans le monde pour bâtir une véritable puissance d’équilibre, car je crois que c’est la vocation de notre Europe.
L’Europe a ainsi le devoir de proposer une nouvelle alliance au continent africain. Les destins des deux rives de la Méditerranée sont liés, et nous ne pouvons d’ailleurs décemment aborder le sujet des migrations sans en traiter les causes profondes, et évoquer le destin commun avec le continent africain. C’est en Afrique que se joue une partie du bouleversement du monde, une partie de l’avenir de ce continent et de sa jeunesse, mais de notre avenir.
En lien avec Charles MICHEL et Ursula VON DER LEYEN, nous avons ainsi souhaité tenir un sommet au mois de février, afin de refonder notre partenariat avec le continent africain. Nous aiderons ainsi nos amis africains à faire face à la pandémie. 700 millions de doses auront été distribuées d’ici juin 2022, mais nous devons franchir dans les mois à venir une nouvelle étape, réinventer une nouvelle alliance avec le continent.
D’abord à travers un New Deal économique et financier avec l’Afrique, qui doit s’appuyer sur ce que nous avons construit au mois de mai dernier – l’Europe ayant proposé, défendu et acté une émission de tirages spéciaux au FMI, et la réallocation de nos droits – mais avec des propositions d’investissement très concrètes. Deuxièmement, avec un agenda en matière d’éducation, de santé, de climat pour le développement du continent et l’espoir de la jeunesse africaine. Troisièmement, avec un agenda de sécurité par le soutien européen aux États africains confrontés à la montée du terrorisme, comme nous avons su le faire ensemble au Sahel. Enfin, en luttant contre l’immigration illégale et les réseaux de passeurs pour mieux favoriser les circulations liées aux alliances culturelles, académiques et économiques.
Deuxièmement, l’Europe ne peut pas se détourner plus longtemps des Balkans occidentaux. Les Balkans occidentaux sont, par leur géographie comme par l’histoire, par la part de tragique comme par la promesse d’avenir qu’ils charrient, au cœur du continent européen. Ils portent des cicatrices qui nous rappellent tout à la fois la précarité de la paix et la force de notre union. C’est pourquoi, nous avons aujourd’hui vocation là aussi, à savoir repenser notre relation avec les pays des Balkans occidentaux et leur donner de manière plus claire, lisible, volontariste, des perspectives sincères d’adhésion. Pas d’adhésion contre, pour repousser les tentatives de déstabilisation étrangères des temps présents. Une adhésion pour, avec une adhésion de projet qui s’inscrit dans un temps raisonnable.
Nous avons modernisé la procédure de négociations ces derniers mois, mais nous savons aussi très concrètement que ce n’est pas l’Europe actuelle, avec ses règles de fonctionnement, qui peut devenir une Europe à 31, 32 ou 33, ça n’est pas vrai, nous nous mentirions à nous-mêmes. Nous avons donc dans le cadre de la conférence et des résultats du mois de mai prochain, à repenser nos règles en profondeur pour les rendre plus claires, plus lisibles, pour pouvoir décider plus vite et plus fort, mais aussi politiquement à être sincère sur le cadre de cette Europe où les Balkans occidentaux ont leur place. Il nous faut donc réinventer à la fois les règles de fonctionnement et la géographie de notre Europe. C’est pourquoi la Conférence sur l’avenir de l’Europe devra être suivie d’une conférence sur les Balkans occidentaux, organisée juste après, qui sera l’occasion d’aborder ce sujet crucial.”
Extrait du discours du Président de la République devant le Parlement européen – Strasbourg, le mercredi 19 janvier 2022