Déplacement à Valencia_ Projet des berges du Lac de Bizerte

Dans le cadre des projets portés par le Pôle Partenariats sur financement MEAE/DAECT, tous dédiés à la représentation de la résilience urbaine et à la perspective de valorisation des savoirs recueillis dans un objectif de réplication, l’AVITEM a initié un partenariat avec la Commune de Menzel Jemil, au nord de la Tunisie, dans l’agglomération de Bizerte, sur la rive nord du lac éponyme, en lien avec la société civile locale.  

 

Rappelons que le littoral du lac de Bizerte montre des signes majeurs de dégradation en raison notamment de l’importance des activités industrielles[1] (sidérurgie) et agricoles mais aussi de l’urbanisation souvent anarchique des rives, responsables de rejets très polluants dans le lac de Bizerte. De ce fait, des activités économiques traditionnelles, véritables richesses patrimoniales, telles que la pêche, ont disparu, ce qui a réorienté nombre d’actifs vers l’industrie, qui devient, par là-même, un moteur central de l’activité économique de la ville. 

 

L’ambition du projet vise à co-construire une approche multi-acteurs et multi-échelles puisqu’elle mobilise des missions d’experts locaux et régionaux, une incitation à la participation citoyenne et l’édification d’une démarche exportable sur l’ensemble du périmètre concerné, le lac de Bizerte.

 

La présentation par l’AVITEM de ce projet en ouverture du symposium organisé par l’Institut méditerranéen de l’eau[2] pour ses 40 ans à Valencia, Espagne, avec de très nombreux experts de l’eau en Méditerranée, a été très bien accueillie. Les différents points abordés, que ce soit le programme de dépollution[3] du Lac, la présentation de l’état actuel des berges du Lac et les travaux d’information géographique entrepris localement avec le soutien de l’AVITEM, ont suscité beaucoup d’intérêt. 

 

Il s’agissait de démontrer que si la pression économique ne facilite pas la mise en œuvre de processus contraignants vis-à-vis des pollutions industrielles, en revanche, l’action de la Municipalité sur les quartiers dégradés[4] présente une légitimité indiscutable. Requalifier les marges urbaines en espaces publics qualitatifs et partagés devient un enjeu social de taille puisque ces actions devraient permettre de réconcilier le citadin avec la nature, de favoriser des dispositifs d’assainissement plus accessibles et plus écologiques, de remodeler la densité urbaine de ce territoire, avec, pour objectif ultime, d’atténuer les contrastes socio-spatiaux. C’est cette démarche qui est à la base de l’étude soutenue par l’AVITEM. 

 

Si le projet dispose d’un actif important avec des partenaires nationaux et internationaux remarquables, son développement sur le plan local doit s’accélérer. Or, les approches en matière de gestion des zones littorales nécessitent un processus de gouvernance en mesure d’articuler les institutions politiques, les acteurs de la société civile et les organisations privées dans une logique d’élaboration et de mise en œuvre des choix collectifs. Cette capacité, à ce stade, est en phase de strcututration à Menzel Jemil et la confrontation avec des acteurs et des experts territoriaux a permis une réévaluation des bases de gouvernance, objet de plusieurs concertations en « off », à l’issue de la présentation.  

 

Enfin, la réplicabilité potentielle du modèle est apparue comme extrêmement utile par nos interlocuteurs méditerranéens puisque, en dépit de l’approche, forcément différenciée des problématiques territoriales au regard des contraintes connues, les fondamentaux du projet s’appliquent à l’ensemble des acteurs concernés par la co-construction d’écosystèmes urbains durables, innovants, frugaux et inclusifs.

 

L’identification de l’AVITEM comme partenaire engagé en Tunisie sur un projet territorial aux côtés des programmes Eco-PACT et de Menzel Jemil a été clairement reconnue. Notre priorité va consister à poursuivre sur cette voie avec les responsables politiques régionaux et locaux, les acteurs de l’aménagement des territoires déjà engagés et ceux qui restent à impliquer, les experts de la gestion intégrée des ressources et les acteurs, essentiels, de la société civile engagés dans des démarches pour une ville plus accessible, plus juste et plus durable.

 


[1] Plus de 280 entreprises industrielles : 60% sont raccordées au réseau d’assainissement

[2] IME, partenaire de l’AVITEM depuis fin 2020

[3] Eco-PACT, lancé depuis 2015. Il est considéré par l’Office national de l’assainissement tunisien (ONAS) comme sa « meilleure réussite actuelle ».

[4] Notamment le quartier très populaire d’El Baali